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ARCHITECTURE GOTHIQUE.

pente du terrain y a été utilisée. — Le Palazzo Comunale [a] à Todi, de 1267, est romano-gothique ; à Narni [b] il y a également quelques constructions pittoresques.

Plus loin vers le sud, Viterbe possède un joli petit palais gothique, le Vescovato [c], près de la cathédrale. Les fontaines qui ont fait la renommée de cette ville (Fontana Grande [d], 1106-1279, etc.) sont, comme la plupart des fontaines italiennes du moyen âge, des constructions en large, tandis que dans le gothique du Nord la fontaine, elle aussi, reproduit le style de l’architecture et s’inspire surtout de la tour. La plus belle fontaine italienne de ce temps est la fontaine à trois vasques de Pérouse [e], dont nous reparlerons à propos de la Sculpture. (Les fontaines de Sienne, grands réservoirs d’eau d’une ville de montagnes, exigeaient une forme toute particulière.)

À Corneto, il faut citer le Palais Soderini [f], autrefois Vitelleschi (1535-1540).

À part la Minerva et quelques additions à des églises plus anciennes, Rome ne possède aucun exemplaire du style gothique ; à Naples, il n’y a dans ce style aucun monument, profane du moins, qui ait quelque valeur artistique. Il n’y a d’ordinaire de monuments de ce genre qu’autant que la vie municipale est indépendante et libre.

À Syracuse, le Palazzo Montalto [g] (1297) a une belle fenêtre gothique à trois arcs. – À Taormina, la ruine pittoresque de la Badiat Vecchia [h] avec incrustations de lave sur les surfaces des murs et les meneaux des fenêtres.


Il y a, de cette époque, dans l’Italie centrale et surtout dans la basse Italie, nombre de châteaux d’une grandeur souvent extraordinaire. Ils n’appartiennent pas à l’histoire de l’art, mais ils occupent dans les annales de l’architecture militaire une place singulièrement plus importante que les châteaux de la noblesse d’Allemagne. Il est vrai que ce n’est qu’au XVe siècle que ’architecture militaire prit en Italie un grand élan, alors que les républiques, les papes et les princes cherchaient par tous les moyens à se protéger les uns contre les autres. C’est de ce temps que datent beaucoup de ces « rocche » qui dominent les villes italiennes, les fleuves et les gorges des vallées. Des architectes fameux, comme Bern. Rossellino et d’autres, furent toute leur vie occupés à de semblables constructions ; l’étranger de même attirait les ingénieurs italiens. Hors d’état de juger le mérite militaire de ces bâtiments, je cite pour leur aspect pittoresque les fortifications [i] de Bellinzona, élevées vers 1445 par Filippo Maria Visconti, et qui se composent de trois châteaux, de leurs murs de jonction, et d’un mur qui s’étend jusqu’au Tessin. Parmi les ouvrages plus anciens de Visconti, le château fort [j] de Pavie, célèbre dans l’histoire, et le château [k]] de Vigevano (avec une loggia de Bramante) sont aussi des palais d’une belle architecture. Au nombre