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PREMIÈRE RENAISSANCE.

des chapelles de S. Miniato ; elle est l’œuvre d’Antonio Rossellino (1427 jusqu’à 1478 environ), surtout célèbre comme sculpteur, et qu’il ne faut pas confondre avec son frère Bernardo (voy. plus loin). — La petite ville, si curieuse, de S. Gimignano vaut la peine d’être vue, ne serait ce que pour la chapelle S. Fina, à la cathédrale [a]. C’est grâce à la restauration excellente que l’on peut juger de l’effet projeté dans la plupart des intérieurs de Brunellesco et de son école ; la peinture des frises, des pendentifs, etc., généralement demeurés blancs, ajoute singulièrement à l’harmonie.


Avec le grand artiste Florentin Leon Battista Alberti (1404-1472) commence la seconde période de la première Renaissance. Il vécut surtout à Rome, et, à l’exception du palais Rucellaï, son style est surtout romain. Il est le premier théoricien encyclopédique de l’art italien, et aussi le premier architecte de son temps. Il dut son influence à ses écrits autant qu’à ses constructions. Il avait posé un principe singulier, qu’il est au-dessous de la dignité d’un architecte d’exécuter lui-même ses plans, et il s’y conforme. À Rimini, il eut pour exécutant le célèbre médailleur Matteo de’ Pasti ; à Mantoue, Luca Fancelli ; pour la façade de S. Maria Novella [b], Giovanni Bertino ; pour le palais Rucellaï, il eut peut-etre Bernardo Rossellino.

Ce palais, et celui de Rossellino à Pienza [c], qui est presque identique, sont peut-être l’écho de la collaboration des deux maîtres à la plus grande œuvre de ce temps, la reconstruction, bientot interrompue, de Saint-Pierre [d] et du Vatican [e][1]. À S. Francesco [f] à Rimini (vers 1447), le plan fondamental, une gigantesque construction à coupole, n’a pas même eu un commencement d’exécution, et la partie longitudinale n’est qu’une sorte d’enveloppe jetée sur l’église de couvent gothique préexistante ; à l’intérieur de même, les chapelles anciennes n’ont qu’un revêtement dans le style nouveau (voy. la Sculpture) ; seule la façade est de grande importance, comme la première en date de l’art italien moderne, et aussi par la sévérité plastique avec laquelle les formes romaines concourent ici à une harmonie nouvelle. (L’étage supérieur est resté inachevé ; d’après les plans primitifs, il devait être surmonté d’un fronton circulaire ; et c’est le type auquel il convient de rapporter les nombreux exemplaires de cette forme sur la Via Emilia.) La façade latérale, à droite, de formes simples et sévères, renferme dans les niches les sarcophages des littérateurs et des dignitaires de la cour de Rimini au temps du fondateur,

  1. La résidence pontificale avait peut-être alors encore en partie, avec ses nombreuses tours, conservé le caractère d’un château fort. Les architectures qu’on voit dans les fresques de Beato Angelico à la chapelle du Vatican, dans celles de Benezzo Gozzoli au Camposanto de Pise (à partir de la gauche, la seconde, la troisième et la dernière fresque), dans celles de Ghirlandajo, chœur de S. Maria Novella à Florence (en bas, à droite, avec le campanile de la vieille église de Saint-Pierre), sont peut-être, en partie, des souvenirs empruntes aux modèles pour cette entreprise, qui fit époque.