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ALBERTI ET SES TRAVAUX.

Sigismond Malatesta. — S. Sebastiano [a] à Mantoue (1459), aujourd’hui une ruine, est la première église à croix grecque de la Renaissance : le détail en est peu satisfaisant. À S. Andrea [b], même ville, la façade est construite d’après un autre principe ; c’est le premier exemple d’une imitation forcée de façade de temple, mais aussi le côté extérieur d’un élégant portique. Au-dessus de cet avant-corps s’éleva, à une hauteur encore considérable, l’édifice principal, presque entièrement masqué au dehors, avec une coupole moderne ; à l’intérieur, des pilastres couverts de peintures fortement modernisées ; mais l’ordonnance de l’ensemble est pleine de majesté, la puissante et large voûte en berceau avec chapelles alternativement grandes et petites fat le modèle pour Saint-Pierre de Rome et pour toute l’architecture religieuse qui suivit. (Les caissons peints de voûtes sont encore probablement l’œuvre d’Alberti.) — À Florence, il y a encore du même maître le grand chœur circulaire de l’Annunziata [c] (1470), bâti sur les fondations circulaires d’A. Manetti ; un revêtement total et des peintures en style baroque l’ont rendu méconnaissable, l’intersection déplaisante des chapelles voûtées du bas avait déjà été critiquée avant le commencement de l’exécution, mais Alberti persista à la maintenir ; la coupole n’a pas de lanterne. Pour la façade richement incrustée de S. Maria Novella [d], il dut se conformer à une ornementation gothique déjà commencée, dont l’organisme léger lui interdisait tout grand essor plastique et le forfait d’employer le revêtement en mosaïques. À l’étage inférieur, il fit la porte du milieu, extrêmement belle avec son arc à caissons ; à l’étage supérieur, il donna le premier l’exemple si risqué d’un raccord entre cet étage et le rez-de-chaussée à l’aide de volutes ornementées ; probablement les demi-frontons appuyés des deux côtés, dont il s’était pourtant servi à Rimini, lui semblaient trop sévères pour s’accorder avec le caractère décoratif de l’ensemble. Son chef-d’œuvre à Florence, le Pal. Rucellaï [e] (Via della Vigna nuova, no 20) (1446-1451 environ), montre pour la première fois l’union, si goûtée plus tard, de bossages et d’ordres de pilastres pour les trois étages ; les refends sont très modérés pour ne pas écraser l’effet des pilastres ; la loggia à trois arcs d’en face est également de lui. Pour la famille qui lui avait commandé la façade de S. Maria Novella, Alberti bâtit en 1467, dans l’église voisine de S. Pancrazio [f] (Via delle Arme no 10), la chapelle à colonnes murées, et un charmant bijou d’architecture, « le saint sépulcre ». Au Pal. Stiozzi-Ridolfi (aujourd’hui Orloff), appartenant également autrefois à la famille Rucellaï, il ne s’est plus rien conservé de l’œuvre d’Alberti.


Avant de continuer le chapitre de l’architecture florentine, il nous faut jeter un coup d’œil sur Sienne, dont les monuments ont surtout de l’importance pour l’époque qui commence en 1450. Quelques-uns d’entre eux, d’ailleurs, sont tels que le style même du palais Strozzi, à Florence,