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BRAMANTE.

escalier du Cortile di onore. — Le couvent près de S. Pietro in Gessate [a] (aujourd’hui un orphelinat) a deux gracieux cloîtres à colonnes.

En tout cas, la série continue de grandes constructions ne commence qu’avec les Sforza, et les œuvres les plus importantes n’apparaissent que sous Ludovic le More. On considère presque toutes les constructions des dernières années du XVe siècle comme des travaux primitifs du grand Bramante d’Urbino (de Fermignano, près d’Urbino.) Un séjour d’environ vingt — huit ans, sa supériorité artistique, ses œuvres enfin exercèrent une telle influence que dans cette région la première Renaissance est appelée non pas le « stile fiorentino », mais le « stile bramantesco ». De là l’erreur fréquente où tombent les étrangers, quand ils attribuent à Bramante tout ouvrage de ce style.

Il n’a jamais existé de Bramante l’ancien (da Milano) ; Bramantino da Milano (Bartolomeo Suardi) était, au contraire, l’élève de Bramante d’Urbine. Né en 1444, deux ans avant la mort de Brunellesco, et d’abord peintre, Donato, dit Bramante, eut le bonheur d’avoir pour maîtres les premiers en chaque art : à Urbino, Luciano da Laurana et Piero della Francesca ; là encore, et plus tard à Mantoue, lorsque Bramante reçut de Mantegna ses dernières leçons, il apprit à connaître Alberti, qui, dans sa jeunesse, avait été étroitement lié avec Brunellesco. De 1472 à 1499, occupé à Milan comme peintre, architecte et ingénieur militaire, il y rencontra les deux plus grands architecte vivants, Lionardo da Vinci et vraisemblablement Fra Giocondo. De 1500 jusqu’à sa mort en 1514, occupé à Rome, il y forma, pour être son successeur, son compatriote (et peut-être aussi son parent) Raphaël.

Ainsi, soit par relations personnelles, soit par tradition orale, Bramante avait appris tout ce que la Renaissance avait rêvé depuis Brunellesco. Avec quelle incomparable beauté il commença à réaliser ce rêve dans la construction de Saint-Pierre, espérant d’en confier l’achèvement à Raphaël, c’est ce qu’il nous est permis seulement de deviner. — En Lombardie, il retrouva la même et scrupuleuse construction de briques, souvent alliée à des parties de pierre ou de marbre, que dès sa jeunesse il avait vue au palais d’Urbine.

Avant d’énumérer ses œuvres, il nous faut signaler l’originalité de Bramante, qui aimait à exécuter simultanément des architectures de manières différentes. À côté du style plein de noblesse du Palais d’Urbino, nous le voyons rivaliser avec cette Renaissance riche et luxuriante, telle qu’elle triomphe dans la Chartreuse de Pavie (la façade a été commencée en 1491). Un jour il construira en gothique, le lendemain il développe la manière libre et grandiose propre à ses dernières créations romaines.

La première œuvre d’attribution certaine est le transept actuel de S. Maria presso S. Satiro [b] à Milan. (À l’extrémité gauche de cette église, est S. Satiro proprement dit, une petite et remarquable construction centrale du IXe siècle.) La nécessité de relier l’église à cette chapelle