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PEINTURE DU MOYEN ÂGE.

qu’à la plus incroyable difformité. — On trouve des mosaïques de ce genre dans les absides de SS. Nereo ed Achilleo [a], — à S. Maria della Navirella [b]] (817-824), — à S. Cecilia [c], — à S. Prassede [d]. Ces trois dernières constructions sont du temps de Pascal Ier (817-824). À S. Prassede se voit encore l’arc triomphal en mosaïque avec la représentation remarquable de la Jérusalem céleste, et la petite chapelle à droite, « Orto del Paradiso », dont l’intérieur est tout en mosaïque (comme dans les monuments de Ravenne et de Sicile). — Dans la demi-coupole de la tribune de S. Marco [e] (827-844), les mosaïques ne sont déjà plus que de pures caricatures.

À Venise, qui était plus riche que Rome et qui avait avec Byzance des relations plus étendues, la mosaïque présente, non seulement le style, mais l’exécution élégante et soignée des travaux vraiment byzantins. L’église Saint-Marc [f], avec ses 40, 000 pieds carrés au moins de mosaïque, est, en ce genre, et de beaucoup, le plus riche monument de l’Occeident.

À remarquer, pour l’intérêt au sujet : les représentations devenues rituelles de l’histoire sainte au sens de Byzance (surtout sur les voûtes à berceau et sur quelques parois intérieures) ; — la représentation (les nombreux saints de Byzance (surtout sur les piliers et les arcs) ; — les récits légendaires (dans la chapelle Zeno, ainsi que l’Histoire de saint Marc ; dans l’une des cinq niches demi-circulaires de la façade, l’histoire du cadavre du saint ; c’est là que se trouve l’image de l’église, citée au chapitre de l’Architecture ; une autre histoire du saint cadavre dans le transept droit, paroi droite) ; — les baptêmes des apôtres et des anges de différent ordre caractérisés d’après leur mission spéciale (coupoles plates de la chapelle baptismale) ; — enfin, dans les coupoles principales de l’église, la Pentecôte, où les différentes nations sont caractérisées par la physionomie et le costume (coupole antérieure) ; — le Christ avec quatre archanges, entouré de le Vierge et des apôtres, et tout autour la seule série complète en mosaïque des Vertus chrétiennes (coupole centrale) ; — les Miracles des apôtres, etc. (coupole gauche).

Ça sont, quant au style, des travaux de date très différente ; ils peuvent cependant, pour plus de clarté, être cités ensemble, de même que les sculptures mentionnées plus haut (p. 313). Le vrai style byzantin, alors disparu, est représenté par les mosaïques de toutes les coupoles (xie et xiie siècles), sauf la coupole droite. Le fragment le plus ancien, remontant encore au xe siècle, est le Christ entre la Vierge et saint Jean [g] à l’intérieur, au-dessus de la porte. — Le style byzantin adouci et plus animé, joint à une exécution plus élégante, apparaît dans les mosaïques de la chapelle Zeno [h], dans une niche de la façade, etc. — Il faut considérer aussi comme œuvres vraiment byzantines, et tout à fait d’accord avec les miniatures des manuscrits grecs, les intéressantes mosaïques du porche, représentant l’histoire du monde depuis la création jus-