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MOSAÏQUES DE SICILE.

qu’à Moïse (devant les trois portes, et sur le côté gauche de l’église, du xiiie siècle environ, sauf quelques additions évidemment modernes). Il y a, dans la façon de conter de ces mosaïques, un curieux mélange d’interprétation symbolique et d’observation naïve de la nature. —— Les mosaïques de la chapelle baptismale [a], de la fin du xiiie siècle, ou du xive, sont plus conformes au canon et en schème. — Les mosaïques de la chapelle S. Isidoro [b], près du transept gauche (vers 1350), imitent assez maladroitement la manière de Giotto. — Les mosaïques de la Capella de’ Mascoli [c] par Michel Giambono, c’est-à-dire la partie gauche de la voûte en berceau, sont à peu près de 1430 ; le partie droite trahit une main plus exercée (probablement une main étrangère), de la fin du xive siècle. — On trouve éparses dans toute l’église des compositions des Vivarini, de Titien, et même de maîtres plus récents. (La coupole droite ; le Paradis sur le voûte en berceau antérieure ; le plupart des hémicycles de la façade, etc.) — Ces mosaïques. je veux dire les plus anciennes, celles des coupoles, présentent à l’esprit un ensemble complet, aux traits accusés, tout un développement dogmatique et poétique, infiniment plus riche que n’était le système des correspondances entre l’Ancien Testament et le sacrifice de la Messe, tel qu’il se montre dans le chœur de S. vitale[1]

Quant aux mosaïques du royaume normand, vraiment byzantines, bien qu’exécutées par des Grecs, les principales se trouvent dans les églises de Palerme et des environs. Nous avons déjà indiqué le défaut de proportion organique entre la richesse de la décoration et l’architecture elle—même. Le traitement des types, l’habileté à composer des scènes où les figures sont nombreuses, la technique, tout trahit une école exercée : les inscriptions sont en grec et en latin. L’ordre chronologique de ses monuments est le suivant : le chœur de la cathédrale [d] de Cefalù (1148), et de la même date, le magnifique Capella Palatina [e], ainsi que les fragments de le Martorana (S. Maria dell’Ammiraglio [f] à Palerme ; la cathédrale [g] de Monreale, achevée en 1182, et déjà plus voisine de la décadence, 1s cathédrale [h] de Messine, xiiie siècle. — Sur le sentinelle, nous pouvons citer les mosaïques, très endommagées, de la cathédrale [i] de Salerne (abside droite, après 1084), que l’on comparera aux peintures murales de S. Angelo in Fornis [j] (à quelques milles de S. Maria di Capua), à peu près du même temps. Ces dernières sont un monument du style inauguré, indépendemment de l’influence byzantin, par Desiderio, abbé du Mont-Cassin. — Le développement originel de l’art de le Basse-Italie se reconnaîtra facilement dans nombre de fresques semblables. Lorsque, dans ces dernières œuvres, l’action vient à s’animer, le mouvement de ces figures encore presque hiératiques et le

  1. Les mosaïques des cathédrales de Murano [k] et de Torcello [l] portent de même la trace de l’influence byzantine.