Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/246

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son sinistre surnom, M. Hobbes devint très agité. Il retira sa pipe de sa bouche, sans songer à l’y remettre, occupé à écouter Dick et à suivre la terrible tragédie de ce règne.

À plusieurs reprises, il fut forcé de tirer de sa poche son mouchoir rouge pour essuyer les gouttes de sueur que l’indignation faisait perler sur son front.

« Vous voyez ! s’écria-t-il ; vous voyez ! Il n’est même pas en sûreté ! Si une reine n’a qu’à monter sur son trône et à dire un mot pour que des choses pareilles soient faites, qui peut savoir ce qui lui arrivera ; ce qui lui arrive peut-être en ce moment ? Il n’est pas en sûreté du tout là-bas. Je m’en doutais déjà. Du reste, laissez faire une femme comme celle-là, et personne n’est en sûreté.

— Sans doute, sans doute ; mais vous voyez pourtant, répliqua Dick, quoiqu’il ne fût pas complètement rassuré lui-même, vous voyez que la femme qui était reine en Angleterre dans ce temps-là n’est pas celle qui l’est maintenant. La reine actuelle s’appelle Victoria, et la reine dont il est question dans le livre s’appelle Marie.

— C’est vrai, dit M. Hobbes, épongeant de nouveau son front ; c’est vrai ; et en effet les journaux ne parlent pas de « tortures », de « question », d’« échafauds », comme on en parle dans ce livre ; cependant j’ai idée qu’on ne peut pas être en sûreté avec des gens que… des gens qui… Croiriez-vous qu’ils ne fêtent pas le Quatre Juillet ! »

M. Hobbes fut intérieurement très tourmenté pendant plusieurs jours, et il ne recouvra sa tranquillité d’esprit que quand il eut reçu une lettre de Cédric, qu’il l’eut lue plusieurs fois, et