Page:Burnett - Le Petit Lord.djvu/270

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abattu par la main du destin, peut-être aurait-il continué à haïr la mère de son petit-fils ; mais dans la triste situation où il se trouvait, les paroles de sympathie de celle-ci firent sur son cœur l’effet d’un baume calmant. D’ailleurs, quelle est la femme qui ne lui aurait pas semblé charmante, comparée à la créature déplaisante qui revendiquait le nom de lady Fautleroy ? Mme Errol avait en outre des traits si gracieux et si aimables ; ses manières, ses gestes et ses paroles étaient empreints d’une dignité si douce, qu’il ne pouvait qu’être entièrement subjugué par la tranquille magie de ces influences. Il commença à se calmer et à se sentir moins malheureux.

« Quoi qu’il arrive, dit-il au bout de quelques instants, votre fils ne sera pas abandonné. J’aurai soin de sa fortune ; je lui assurerai un douaire, pour maintenant et pour l’avenir. »

Puis il se leva, et jetant un regard autour de la chambre :

« Cette maison vous plaît-elle ? demanda-t-il.

— Beaucoup, mylord, répondit Mme Errol.

— Vous en avez fait une agréable demeure, dit-il. Puis-je venir de temps en temps pour causer avec vous des choses dont je viens de vous parler ?

— Aussi souvent que vous le voudrez, mylord. »

Elle reconduisit le visiteur jusqu’à la porte de la Loge. Le comte reprit sa place dans la voiture, tandis que, sur le siège, Thomas et Henry demeuraient muets de surprise, et qu’ils furent pendant quelques instants avant de se communiquer leurs réflexions au sujet du tour inattendu qu’avaient pris les événements, tant ils étaient bouleversés par ce fait de la visite du comte à sa belle-fille et de l’union qui semblait régner entre eux.