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XXVIII
NOTICE SUR LES TRAVAUX DE M. EUGÈNE BURNOUF.

Académies impériales des sciences de Vienne et de Saint-Pétersbourg, de l’Académie royale des sciences de Lisbonne, de la Société royale des sciences de Gœttingue, etc. Il faisait partie de toutes les sociétés asiatiques d’Europe, d’Asie et d’Amérique, et de plusieurs autres sociétés savantes, qui avaient tenu à se l’attacher. Membre de l’Institut de France dès 1832, comme je l’ai dit, il a été nommé secrétaire perpétuel de l’Académie des inscriptions et belles-lettres quelques jours avant sa mort. Cette élection, faite à la presque unanimité, aura été comme la couronne de sa vie scientifique, couronne déposée sur une tombe. Il était officier de la Légion-d’Honneur depuis 1845. En mars 1852, il avait accepté la place d’inspecteur supérieur des études pour les lettres.

Une partie trop peu connue de la carrière de M. Eugène Burnouf, et qu’il est bon de remettre en lumière, c’est son professorat. Du moins son cours de l’école normale, bien qu’il ait fort peu duré, aura laissé des traces et dans les cahiers des élèves et dans les manuscrits mêmes des professeurs ; mais que restera-t-il du cours du collége de France, continué avec tant de zèle et de régularité pendant vingt années de suite ? Des élèves, je le sais, dont quelques-uns se sont déjà fait un nom célèbre en appliquant les leçons de leur maître, et des souvenirs ineffaçables dans la mémoire de tous ceux qui l’ont suivi. Mais il importe que le public aussi sache ce qu’était cet enseignement si profond et si varié. On peut voir par les livres de M. Eugène Burnouf, et spécialement par son Commentaire sur le Yaçna et ses Études sur la langue zende, quelle abondance de vues, quelle connaissance exacte des moindres détails, quelle sagacité pénétrante, et quelle prudence de méthode distinguaient son esprit, d’ailleurs admirablement juste et bien fait. Toutes ces qualités se retrouvaient dans ses leçons, avec la vie que la parole, le geste et l’accent du professeur communiquent de plus à tout ce qu’il dit. Les textes habituels de son enseignement étaient le livre de Manou, le Mahâbhârata, le Ramâyana, la Karikâ du Sankhya, et surtout les Védas. La langue des Védas était l’objet particulier de ses études les plus assidues et les plus chères. Elle mérite tous les efforts qu’il y a consacrés, d’abord parce qu’elle est excessivement difficile, et de plus parce qu’elle est en quelque sorte l’embryon d’où est sorti le sanscrit classique des grandes épopées, des monuments philosophiques, des drames, des poésies légères, etc. Cette langue avait en outre pour lui cet attrait spécial qu’elle se rapproche beaucoup du zend et qu’elle lui donnait la clef d’une foule de difficultés insurmontables sans elle. Aussi chacun des mots du Véda, ou pour mieux dire du Rigvéda, que nous expliquions d’ordinaire sur l’édition de F. Rosen, malheureusement inachevée, était-il de sa part l’occasion des remarques les plus curieuses et les plus utiles. Il avait étudié à fond, pour nous les donner, les commentateurs indiens, si instruits, si minutieux dans tout ce qui se rapporte au livre saint. Souvent il joignait à l’interprétation du texte celle du commentaire, et il faisait suivre le vers du Véda de la glose de Sankarâtcharya, comme il donnait Koullaka Bhatta à la suite du texte de Manou. Parfois il invitait les élèves les plus avancés à prendre la parole à sa place ; et il les formait