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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/139

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D’une belle idole un jouet,
Et du jeu l’on en vient au fouet[1].
C’est là d’une façon fort belle
Se faire passer demoiselle.
Et pourtant une infinité
Passent en cette qualité ;
Mais la prudente politique
En va faire une république
Que l’on veut envoyer à l’eau,
S’entend pourtant dans un vaisseau.
Alors toute personne sage
Fera des vœux pour leur passage,
Priera les flots, Neptune aussi,
De les porter bien loin d’ici[2].
Aux vents, pour moi, je fais prière
De leur bien souffler au derrière,

  1. Le fouet étoit alors un châtiment fort commun. Guy-Patin (Lettre du 6 juin 1664) parle d’une personne de la rue au Fer qui « avoit eu le fouet au cul d’une charrette », parcequ’elle faisoit passer, pour 15 sous de gain, des louis qui n’avoient pas le poids. Loret raconte une aventure du même genre :

    Tout à l’heure on me vient de dire
    Chose qui m’a quazi fait rire,
    C’est qu’à midi precizement,
    Par un arrêt du Parlement,
    On a fouetté par les rues
    Une vendeuse de morues,
    Sur le dos, et non pas pas partout,
    Et puis la fleur de lis au bout.
    Cette muette de la halle…
    Brocardoit d’étrange façon
    Ceux qui marchandoient son poisson…
    Quoique d’une façon cruelle
    Son sang coulât de tous côtez,
    Chascun crioit : fouetez ! Fouetez ! (Muse hist., Gaz. du 9 juin 1657.)
  2. On les envoyoit souvent en Amérique, au Canada de préférence.