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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/144

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Mais zeste, attendez-nous sous l’orme !
On nous prendra pour la réforme.
Bon Dieu ! que nous avons de soin !
C’est bien de nous qu’on a besoin !
Laissons faire le politique.
Qui règle la chose publique ;
Mais qu’en le laissant faire aussi
Elle nous chasse loin d’ici !
Adieu bal, adieu comédie
Adieu, puisqu’il faut qu’on le die,
Au Marais, notre rendez-vous,
Où souvent, avec cent filoux,
Nous avons joué notre rôle
À dépouiller un pauvre drôle,
Étranger ou provincial,
Où je ne m’acquitai pas mal
Du beau soin d’escroquer la dupe
Tantôt d’un bas, puis d’une jupe,
D’un mouchoir, d’un collier, d’un lou,
D’un rubis, d’un autre bijou,
D’un anneau, d’une garniture,
D’un brasselet, d’une coiffure,
D’un miroir, d’un ameublement,
D’un cabinet, d’un diamant,
D’une aiguière, d’un bassin même,
Selon que plus ou moins on aime.
Manger enfin carosse et train,
Le mettre nud comme la main,
Étoit mon principal office.
J’en cachois si bien l’artifice,
Que mon pauvre dupe croyoit
Que je brulois comme il bruloit ;
Mais bientôt mon cœur, tout de glace.
Le forçoit de céder la place