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Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/35

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C’est ma volonté. — Voilà ce qui s’appelle parler en roi ! » répondit la fortunée de peu de jours, comme on le verra par la suite.

Le Cardinal fit quelques objections, mais qui ne firent aucun effet pour lors. Le Roi sortit avec sa cour, satisfait d’avoir vu mademoiselle de Mancini et de ce qu’il avoit fait pour elle. Le Cardinal ne resta pas long-temps après Sa Majesté, car il ne l’eut pas perdu de vue qu’il vola chez la Reine, à laquelle il apprit tout ce qu’il avoit entendu, et, de concert avec elle, ils convinrent qu’il falloit donner au Roi l’espoir d’épouser mademoiselle de Mancini, afin que, durant le temps de leurs amours, ils pussent sans aucun empêchement faire le mariage de l’Infante, dont on avoit déjà reçu des nouvelles de la cour d’Espagne…

Comme ils en étoient là, le Roi, qui de jour à autre sentoit que sa tendresse s’augmentoit pour l’aimable Italienne, ne pouvoit s’entretenir qu’avec elle, et, étant retenu par une indisposition légère dont on le menaçoit de suites fâcheuses s’il sortoit, il lui écrivit par le même duc de Saint-Aignan qu’il étoit dans le dernier des chagrins de ce que sa situation l’empêchoit de la voir ; que si la sienne lui permettoit de lui en donner la satisfaction au Louvre, qu’il y seroit sensible, et que ce seroit le seul moyen de lui donner la santé. Comme le duc de Saint-Aignan craignoit que la confidence du Roi ne fût préjudiciable à ses intérêts, il alla trouver la Reine et lui communiqua la lettre, qu’elle ouvrit et où elle lut ces termes :