Aller au contenu

Page:Bussy Rabutin - Histoire amoureuse des Gaules, t. 2, éd. Boiteau, 1857.djvu/85

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’assurant que monsieur de Vardes reviendroit bientôt. Cela la remit un peu ; mais enfin, ne voyant pas l’exécution de ses promesses, et après lui avoir bien recommandé son amant et reproché ses trahisons, elle perdit patience et alla trouver le Roi dans un de ses emportemens, à qui elle découvrit tout, ne se souciant pas de se perdre si elle perdoit le comte de Guiche. Elle réussit, car le Roi donna ordre à son exil ; mais elle et son mari prirent la peine d’en tâter ; il n’y eut que Madame qui s’en sauva, et depuis tout ceci le Roi ne l’aima ni l’estima.

Pendant tout ce désordre, le duc Mazarin, qui faisoit le dévot [1], demanda au Roi une audience particulière, laquelle le Roi lui accorda, durant laquelle il l’entretint d’une vision qu’il avoit eue, comme tout le royaume alloit se bouleverser s’il ne quittoit La Vallière, et lui donnoit avis de la part de Dieu. — « Et moi, repartit le Roi, je vous donne avis de ma part de donner ordre à votre cerveau, qui est en pitoyable état, et de rendre tout ce que votre oncle a dérobé [2]. » Le Duc lui fit un très-humble salut, et s’en alla.

  1. Armand Charles de La Porte, duc de La Meilleraye, substitué au nom et aux armes du cardinal de Mazarin quand il épousa, le 28 février 1661, Hortense Mancini. Sur cette dévotion dont l’excès ridicule alla jusqu’à briser des statues précieuses, voy. la 2e partie des Mélanges curieux, dans les œuvres de Saint-Evremont, t. 8, 1753, in-18.
  2. « Les parents et les amis de madame Mazarin lui conseillèrent de se servir de la dissipation de son mari pour le poursuivre en séparation de biens. Cette dissipation étoit certaine ; M. Mazarin même s’en faisoit un devoir, sur ce principe injurieux à la mémoire de son bienfaiteur, que les biens des ministres étoient mal acquis et un pillage sur la