LE THÉÂTRE DE LA RUE
ES féeries vous passionnent, vous courez à ces levers
de rideaux, où des personnages maquillés exécutent
mille cabrioles burlesques, et vous tordez votre mâchoire
sans parvenir à vous faire sourire. Votre cœur avide
d’émotion veut battre de sentiments généreux, le mélodrame
vous attire, dans ce besoin de pleurer qui parfois
s’empare de nous, alourdissant notre poitrine comme nos
paupières. Pourquoi louer un fauteuil d’orchestre dans
une salle surchauffée ? Ouvrez votre œil à la grande féerie
de la rue…
Le sifflet vient de crier six heures. Voyez, la foule va, vient, se cogne, rit, s’injurie, joue de l’épaule et des coudes. La floraison des robes claires et des chapeaux en couleur égaie l’ombre des habits noirs portant éternellement le deuil de la galanterie de jadis.
Les petites ouvrières reviennent gaiement de l’atelier et de l’usine en caquetant, heureuses de la tâche accomplie, heureuses surtout d’échapper à la cage qui les retient