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Page:C18 - Émeutes de Québec de 1918 - Témoignage du Révérend Isidore Evain, prêtre BAnQ Québec E17S10D1661-918.djvu/15

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ces gens là prenaient leur course.


Q. Voulez vous dire qu’on semblait chercher des cibles humaines pour s’exercer à tirer ?


R. Je ne pourrais pas dire vraiment qu’ils cherchaient des cibles humaines, mais on m’avait répondu qu’on avait l’ordre de tirer sur chaque personne que l’on verrait dans la rue. Alors je me dis : c’est bien malheureux que l’ordre soit si sévère ce soir mais enfin s’il y a des lois qui ont été passées auparavant…


Q. Maintenant si je vous ai bien compris vous avez dit que vous étiez accompagné de six hommes de police ?


R. Oui monsieur ils sont restés avec moi presque tout le temps que j’ai été là, pendant une heure, assis et rendant leur devoir allant et venant, tâchant de renvoyer les hommes qui pouvaient venir dans la rue. Quand ils voyaient quelqu’un les soldats criaient hands up — les mains en l’air. Les gens ne comprenaient pas — c’est des canadiens, ils ne comprenaient pas l’anglais, et nous leur disions en français, et ces hommes rebroussaient chemin ou se dispersaient.


Q. Croyez vous que ces six hommes de police auraient été suffisants pour maintenir l’ordre ?


R. Il n’y avait pas de désordre, il n’y avait aucun désordre quand je suis arrivé. La paix était parfaitement rétablie lorsque je suis arrivé, complètement, il n’y avait rien. Je n’ai vu que ce petit groupe de trente ou quarante personnes au coin de la rue Massue et Sauvageau qui ont voulu me suivre quand je m’en allais au coin chez Dubois.