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« Ô Charles, je suis très, très malade. Vixi. » Un autre jour : « Dieu vous bénisse, cher Charles Lamb ! Je suis mourant. Je sens que je n’ai plus beaucoup de semaines à vivre. » Et en octobre 1811 : « Je ne serai pas longtemps sur cette terre, Charles. Moi parti, vous ne me reprocherez pas d’avoir gâté un livre pour laisser un souvenir. »

Fait remarquable et qui n’a pas laissé d’être remarqué[1], tant qu’il fut sous l’influence de l’opium, Coleridge a produit peu et surtout peu de bonnes choses : quelques conférences littéraires, décousues pour ne point dire incohérentes (1808) ; quelques articles de journaux, politiques ou philosophiques. Ses conférences sont bien plutôt des causeries, des improvisations, plus ou moins brillantes, que de véritables études, car le travail de préparation lui est devenu trop pénible et son attention est si défectueuse, si mobile, qu’elle ne peut demeurer fixée sur le sujet choisi. C’est une tâche qu’il s’impose, alors que sa pensée vagabonde ailleurs.

Vers la fin de l’année 1814, une amélioration se produisait ; des amis, qui avaient accueilli Coleridge, avaient pris à tâche de le guérir de l’opium ; mais il leur déclarait, au bout de peu de temps, qu’il aimait mieux mourir que de

  1. Notamment par le Dr R. Dupouy.