Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/141

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continuer à supporter les souffrances que lui causait la privation de l’infernale drogue. Il retomba donc dans son péché ; mais par un retour offensif de volonté il s’affranchissait à nouveau de la tyrannique habitude et il s’ensuivait une période heureuse de travaux continus. Elle fut de courte durée : en avril 1816, le malheureux partait pour Londres et se logeait dans la maison d’un pharmacien, pour se guérir. Un hasard providentiel lui fit rencontrer là un médecin qui lui donna le seul conseil raisonnable qu’il eût jamais reçu, celui de se confier aux soins d’un spécialiste : c’est alors que Coleridge prit pension chez le Dr Gillmann, à Highgate. Il avait l’intention d’y passer quelques mois, il y resta dix-huit années — c’est-à-dire jusqu’à sa mort, — avec de rares interruptions.

Carlyle, qui l’y vit, a narré ses impressions dans un récit célèbre.

«  En ces dernières années, écrivait l’illustre historien, Coleridge était assis au sommet de Highgate Hill, regardant d’en haut Londres et son tumulte, enfermé comme un sage échappé à l’inanité de la bataille de la vie… » — « J’ai vu, conte-t-il à un autre endroit, bien des curiosités et je ne compte pas comme la moindre Coleridge, le métaphysicien de l’école de Kant, ex-poète des Lacs… C’est une bonne âme, pleine de religion et d’affection, de poésie et de magnétisme animal (sic)… Il a horreur