Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/163

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parlait de Dieu, le plus fastidieux, le plus sombre des prédicants ; la damnation, les flammes éternelles, lui apparaissaient comme le châtiment inéluctable, en punition des péchés qu’il s’accusait d’avoir commis et dont il redoutait de ne jamais obtenir le pardon.

On ne connaîtrait qu’imparfaitement son état pathologique, si on négligeait les incidents aigus de sa vésanie chronique.

La première de ces crises dura huit mois, pendant lesquels sont sort lui était devenu indifférent : n’avait-il pas la conviction qu’il était condamné à l’éternelle damnation par une sentence irrévocable ?

À certains moments, il donna l’illusion au médecin qui le traitait que la guérison était proche ; mais, comme il le disait plus tard, « c’était comme la surface verte d’un marais, plaisante à l’œil, mais ne recouvrant rien que pourriture et ordure ».

Il avait pris pour maxime : « Mange et bois, car demain tu seras en enfer ! » Sa raison revint vers le huitième mois de son internement ; elle se ressentit toujours de l’étrange voyage qu’elle venait d’accomplir.

C’est alors qu’il résolut de rompre définitivement avec ce qu’il appelait « le théâtre de ses abominations », ne voulant désormais de commerce qu’avec Dieu et le Christ.

Pendant ces accès, la mélancolie domina, mais