Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/164

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il présenta nettement aussi les signes d’un délire des persécutions des plus caractérisés.

Rétrospectivement, il s’analyse, du reste, avec une rare perspicacité ; dans une lettre à lady Hesketh, il nous donne la description la plus précise, la plus clinique, allions-nous dire, de ce qu’il a ressenti :

« Je descendis soudain de mon degré ordinaire d’intelligence à une imbécillité presque enfantine… Je pouvais faire une réponse raisonnable à une question difficile, mais il fallait qu’on m’adressât une question où je ne parlais pas du tout… Je croyais que tout le monde me haïssait, et, en particulier, Mrs Unwin. J’étais convaincu que ma nourriture était empoisonnée et j’avais dans la tête mille autres hallucinations… »

Ces hallucinations étaient de nature diverse.

Avant qu’il fût interné, c’étaient surtout des hallucinations de l’ouïe : il croyait entendre autour de lui, dans la rue, les gens le tourner en dérision ; il en était arrivé à ne plus oser sortir, et choisissait les tavernes les moins fréquentées pour y prendre ses repas.

Lorsqu’il eut sa seconde attaque de folie, les hallucinations portèrent plutôt sur le sens visuel. Il lui semblait « gravir une montagne au milieu de mille difficultés, avec un ennemi sur les talons ». Plus tard, revinrent les hallucinations auditives,