Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/174

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On a cité, à ce propos, un poème exquis qu’il adressait à son amie Sophie Rawnsley, et qui le montre repentant après une admonestation dont il avait reconnu l’injustice :

« Que personne ne sache que j’ai été dur pour toi ; toi sur qui reposent mes meilleures affections… Bien que j’ai été dur, ma nature n’est pas ainsi, un nuage momentané s’abattit sur moi : ma froideur fut hors de saison, comme la neige pendant l’été. J’ai prononcé des paroles froides et pourtant je t’aimais bien et chaleureusement. Ai-je donc été si dur ? Ah ! chère, cela ne se peut pas. Avais-je l’air si froid ? Quelle folie poussa mon sang à donner ainsi un démenti à mon cœur ?… »

Cette sensibilité, il en témoigne en maintes occurrences, consolant ses amis dans la peine, visitant les malades, plein de sollicitude pour ses serviteurs et ceux d’autrui.

Le domestique d’une personne de ses relations qu’il avait pris en affection, étant devenu malade de la poitrine, Tennyson allait presque tous les jours lui faire la lecture et prier avec lui.

On a rapporté maints témoignages de sa bonté, de sa tendresse pour les humbles, de son amour des enfants[1], voire des animaux.

  1. Il connaissait à merveille le langage qui leur convenait. Sur un fait qui lui avait été rapporté par miss Gladstone, la fille de l’homme d’État, il composa ce touchant petit poème :