Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/191

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à plusieurs reprises des syncopes ; l’affaiblissement progressait.

Le matin de sa mort, se sentant très faible, il dit au docteur : « La fin ? » Celui-ci ayant baissé la tête en signe d’assentiment, il répondit simplement : « C’est bien. » Après quoi, il fit ses adieux à sa famille.

« Pendant les heures qui suivirent, a relaté son fils, la pleine lune inondait de lumière la chambre et le paysage au dehors, et nous veillions dans un silence solennel. Sa patience et sa force calme exerçaient leur pouvoir sur ceux qui lui étaient les plus proches et les plus attachés : nous nous sentions reconnaissants pour la tendresse et la paix absolue de ces moments… Il était tout à fait paisible, tenant la main de ma femme, et quand il passa, je prononçai sur lui sa propre prière : « Dieu l’accepte, Christ le reçoive ! »

Peu d’instants avant sa mort le poète avait demandé un Shakespeare qu’il conserva dans sa main jusqu’au bout.

Ce qui offre surtout de l’intérêt dans le cas de Tennyson, c’est que, comme l’a bien pénétré M. Émile Lauvrière, en sa nature morbidement sensible, l’inspiration poétique fut essentiellement une intuition extatique, comme elle le fut pour Wordsworth, Coleridge, Shelley et Keats, en Angle-