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de rêve et j’entends alors, comme dans un grand éloignement, le bruit du cor s’enfler et s’affaiblir tour à tour ».

Ses hallucinations sont loin d’être toujours aussi agréables : tantôt, ainsi qu’il l’écrit à un de ses amis[1], il lui semblait « répandre dans l’obscurité une lueur phosphorescente ». Tantôt il prétendait apercevoir, dans un salon très éclairé et occupé par de nombreuses personnes, un gnome sortant du parquet dont il était seul, bien entendu, à percevoir les formes. Il lui arrivait aussi de voir flotter autour de lui, quand il était à sa table de travail, occupé à écrire, des spectres grimaçants ; et pour dissiper l’effroi et l’angoisse que ces visions provoquaient chez lui, sa femme devait s’asseoir à ses côtés afin de le calmer et le rassurer.

« Mon enfance, a écrit Hoffmann, dans Le Chat Murr, s’écoula dans une complète avidité de sensations. »

Des sensations violentes, voilà ce qu’il réclamait dès son jeune âge, et l’excitation alcoolique est une de celles qui devaient naturellement s’offrir à lui des premières. Mais avant de rechercher dans quelle mesure il a puisé à cette source d’inspiration, il convient de remarquer que ses sensations, même

  1. Lettre à Hitzig, 20 avril 1807.