Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/25

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à l’état normal, étaient particulièrement vives :

« Il suffisait, confesse-t-il, d’une sensation corporelle agréable pour me rappeler toujours les images les plus vives et les souvenirs les plus gracieux. »

Son œuvre abonde en témoignages d’une hypertrophie démesurée des sens. Son odorat est d’une subtilité particulière : par instants, il lui semble qu’« une vapeur subtile et d’une odeur singulière se répand autour de lui » ; à d’autres moments, il demeure comme « charmé par un sortilège et enivré par les suaves parfums d’un féérique jardin ».

Les hallucinations à point de départ olfactif se retrouvent fréquemment dans ses Contes ; de même, les hallucinations de l’ouïe : ne signale-t-il pas, en quelque endroit, des « voix graves qui lui parlent dans un murmure mystérieux » ; ne parle-t-il pas, ailleurs, d’un baiser, « rapide et léger, comme un son longtemps prolongé » ; de son âme, « où résonnent de mystérieux accords, échos du monde lointain » ?

Le sens de la vue était presque aussi développé, chez Hoffmann, que celui de l’ouïe ; il a, nous l’avons dit plus haut, présenté le phénomène de l’audition colorée, tout comme Gœthe, Musset et Maupassant, pour ne citer que des noms notoires. Il y a, cependant, une différence entre Hoffmann et les porteurs des grands noms que nous venons