Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/339

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et « trouble sa disposition d’esprit[1] » ; mais il travaille, néanmoins, de toutes ses forces, en dépit des prescriptions de la Faculté[2]. Il faut travailler beaucoup, beaucoup, s’écrie-t-il tristement ; et cependant, les crises m’achèvent et, après chacune, je ne puis remettre mes idées d’aplomb avant quatre jours[3]. »

« Les attaques se répètent chaque semaine », écrit-il de Pétersbourg, lors de son dernier séjour dans cette ville ; « ressentir et s’avouer clairement cet ébranlement des nerfs et du cerveau est une insupportable torture… »

Ailleurs, il se plaint d’être consumé par une forte fièvre ; chaque nuit il éprouve des frissons ; il a une attaque tous les dix jours et il en met cinq à revenir à lui. Cependant, au dire d’un de ceux qui l’ont approché de très près, « il ne perdait jamais complètement courage » et non seulement il ne s’abandonnait pas au désespoir, mais il produisait, il produisait sans trêve ; ni la solitude, ni la pauvreté, ni la maladie n’abattaient son vouloir ; ses meilleures productions, au contraire, correspondent à ces époques malheureuses : Crime et Châtiment, L’Idiot, Les Possédés, ont été conçus dans ces heures de tristesse.

  1. Correspondance, lettre du 12 décembre 1858.
  2. Lettre du 8 novembre 1865.
  3. Lettre du 21 octobre 1867.