Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/346

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Ces lettres sont écrites de la forteresse des Saints-Pierre-et-Paul, où il avait été enfermé pour délit politique. Il se plaint encore, quelques semaines après, de son dérangement d’estomac et de ses hémorroïdes ; mais c’est surtout l’hypocondrie qui le tracasse aux approches de l’hiver.

Viennent les beaux jours et son esprit se rassérène. Il reconnaît, d’ailleurs, que son arrestation, puis son incarcération l’ont sauvé de la folie, qu’il sentait imminente. Le vrai est que son angoisse, sa mélancolie peu à peu s’atténuent ; puis il cesse d’y porter attention. Les tortures morales dues à l’incertitude du danger qu’il s’imaginait suspendu sur sa tête ayant cessé, les accès s’espacèrent. On sait combien les épileptiques sont accessibles à la suggestion psychique ; la disparition des symptômes morbides chez Dostoïevsky en est une preuve nouvelle. Plusieurs années se passeront sans qu’ils se manifestent[1].

Libre, et malade à nouveau, le romancier entreprit un grand voyage à l’étranger, en quête d’un soulagement, à défaut de guérison. Il visita presque toute l’Allemagne, alla en Suisse, en France, en Italie. Il revint de sa longue tournée sensiblement amélioré.

L’année 1865 est marquée par une fréquence

  1. Lettres des 19 juillet et 12 décembre 1858 ; 6 juin 1862.