Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/356

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extraordinaires », qui duraient, d’abord, trois jours après la crise ; et, plus tard, pendant sept, huit jours. « Avant-hier, écrit-il, j’ai eu une crise des plus violentes : mais hier j’ai écrit quand même, dans un état proche de la folie[1]. »


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C’est une constatation faite par les aliénistes que l’épilepsie détermine des perturbations physiques pouvant aller jusqu’à la folie ; mais chez Dostoïevsky, il n’y eut jamais démence au sens propre du mot. Il avait des éclipses de mémoire, passant à côté de personnes qu’il connaissait pourtant bien et auxquelles il ne rendait pas leur salut, parce qu’il n’arrivait pas à se remémorer leur visage[2].

  1. André Gide, Dostoïevsky d’après sa correspondance, 21.
  2. Dostoïevsky a parfaitement décrit, dans Crime et Châtiment, le phénomène que le professeur Grasset a fait, beaucoup plus tard, connaître sous le nom de Mémoire polygonale.
    « Raskolnikoff rencontre Svidrigaïloff et, tout étonné, lui dit : « J’allais chez vous, mais comment se fait-il qu’en quittant le marché au foin j’ai pris la Perspective ? Je ne passe jamais par ici, je prends toujours à droite, au sortir du marché au foin… à peine ai-je tourné que je vous aperçois, chose étrange ! — Mais, répond Svidrigaïloff, vous avez apparemment dormi tous ces jours-ci ; je vous ai donné moi-même l’adresse de ce traktir et il n’est pas étonnant que vous y soyez venu tout droit. Je vous ai indiqué le chemin à suivre et les heures où l’on peut me trouver ici ; vous en souvenez-vous ? — Je l’ai oublié, dit Raskolnikoff avec surprise… — Je le crois. À deux reprises je vous ai donné ces indications ; l’adresse s’est gravée