Page:Cabanès - Grands névropathes, Tome III, 1935.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nerfs détraqués », dit Pakline à Nejdanof[1].

On ne sera pas surpris qu’il y ait également, dans les ouvrages de Dostoïevsky, toute une série d’épileptiques : c’est Nelly, dans Humiliés et Offensés ; le prince Mychkine, dans L’Idiot ; Kiriloff, dans Les Possédés ; Smerdiakoff, dans Les Frères Karamazoff.

Comme l’a fait observer un aliéniste russe[2], toutes les altérations psycho-pathologiques qui accompagnent l’épilepsie tiennent dans ce cadre.

Il apparaît manifestement que Dostoïevsky a utilisé largement ses sensations propres. Si nous le revendiquons, si nous nous trouvons honorés de le revendiquer comme confrère, c’est qu’il a su, bien mieux que les romanciers d’imagination qui ont puisé leur inspiration dans nos traités techniques, nous donner des descriptions cliniques qui ne seraient désavouées par aucun de nos maîtres en psychiatrie.

Si l’on a pu dire que la plupart des personnages enfantés par le génie de Dostoïevsky sont « des types psychopathiques définitivement acquis à la science…, dans un pays et à une époque où l’esprit humain n’avait pas été encore orienté vers ces

  1. Un grand romancier : Dostoïevsky, par Arvède Barine. (Revue Politique et Littéraire, 27 décembre 1884.)
  2. N. Bajenow, Privat-docent à l’Université de Moscou.