Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/60

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saires, quelques circonstances plus mobiles, telles que celles des temps, des lieux, des gouvernemens, des religions : et de là, naissoient pour eux, tous les préceptes de conduite et tous les principes de morale[1].

Il est vrai que la plupart de ces sages se perdirent dans de vaines recherches sur les causes premières, sur les forces actives de la nature, qu’ils personnifioient dans des fables ingénieuses : mais les théogonies ne furent pour eux que des systèmes physiques ou métaphysiques, comme parmi nous les tourbillons et l’harmonie préétablie, qui seroient sans doute aussi devenus des divinités, si la place n’avoit pas été déjà prise. Ils s’en servoient pour captiver des imaginations sauvages et les plier aux habitudes sociales : et ces premiers bienfaiteurs de l’humanité paraissent avoir tous été convaincus qu’on peut tromper le peuple avec avantage pour lui-même ; maxime corruptrice, excu-

  1. Je ne parle point de la physique, de la géométrie, ni de l’astronomie, qui les occupoient cependant d’une manière particulière, l’astronomie sur-tout : leurs travaux dans ces sciences, et les idées qu’ils firent naître, se rapportent de trop loin au sujet qui fixe maintenant notre attention.