Page:Cabanis - Rapports du physique et du moral de l’homme, 1805, tome 1.djvu/61

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sable sans doute, avant que tant de funestes expériences en eussent démontré la fausseté, mais qu’il ne doit plus être permis d’avouer dans un siècle de lumières.

Quelque sujet qu’on traite, c’est toujours cette ancienne Grèce qu’il faut citer. Tout ce qui peut arriver d’intéressant dans la société civile s’y rassemble, s’y presse, en quelque sorte, sous les regards, durant un court espace de temps, et sur le plus petit théâtre. La Grèce ne fut pas seulement la mère des arts et de la liberté : cette philosophie, dont les leçons universelles peuvent seules perfectionner l’homme et toutes ses institutions, y naquit aussi de toutes parts, comme par une espèce de prodige, avec la plus belle langue que les hommes aient parlée, et qui n’étoit pas moins digne de servir d’organe à la raison, que d’enchanter les imaginations, ou d’enflammer les ames par tous les miracles de l’éloquence et de la poésie. Quel plus beau spectacle que celui d’une classe entière d’hommes occupés sans cesse à chercher les moyens d’améliorer la destinée humaine, d’arracher les peuples à l’oppression, de fortifier le lien social, de porter dans les mœurs publiques cette énergie et cette élégance,