Page:Cabaret-Dupaty - Poetae minores, 1842.djvu/42

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bien accueilli par la jeune reine, et s'en lit aimer. Après quelques mois passés dans la plus tendre union, le prince, obligé de retourner à Athènes pour les affaires de son royaume, promit à Phyllis d'être de retour dans un mois au plus tard. Mais trois mois s'écoulèrent sans que la princesse eût aucune nouvelle de son amant. D'après Ovide, se voyant abandonnée, elle voulut mettre fin à sa vie en attachant un lacet à son cou. Toutefois elle jugea à propos de n'exécuter ce projet qu'après avoir écrit une dernière lettre à l'ingrat Démophon. Sa lettre est vive et passionnée ; la réponse de Démophon ne l'est pas moins ; mais cette réponse semble avoir été faite avant la lettre de Phyllis. Elle suppose que Phyllis a changé de sentiment, tandis que cette princesse accuse son amant de l’avoir complètement oubliée.

2. — Thesea, quo socero (v. 5). Non-seulement ce vers ne fait pas suite au précédent, mais encore il est inexplicable sous le rapport grammatical. Il me semble qu'il devrait être ainsi conçu :

Theseus, quem socerum nequicquam, Phylli, timebas...

3. — Turpe pati nobis (v. 7) ! Cet hémistiche offre de l’ambiguïté. Caractérise-t-il la crainte de Phyllis ou le crime dont se charge ici gratuitement Démophon ? J'ai cru devoir le rapporter plutôt à ce qui suit qu'à ce qui précède. Le fil des idées n'en est pas moins une seconde fois interrompu, et l'on ne sait pourquoi le poëte a tout à coup abandonné des sentiments affectueux, pour s’occuper d’un fait assez indifférent.

4. — Arguor exsilii (v. 13). Thésée, au retour de ses expéditions, trouva ses sujets révoltés contre lui, et Mnesthée solidement établi sur le trône d’Athènes. Forcé de fuir, il se retira chez Lycomède, roi de Scyros. Mais Lycomède, jaloux de sa réputation, ou gagné par les présents de Mnesthée, le fit précipiter du haut d’un rocher, où il l'avait attiré, sous prétexte de lui montrer la campagne.

5. Nec tacitum frater, nec sinit esse reum (v. 14). Pour se justifier aux yeux de Phyllis, Démophon se suppose accusé de l'exil et de la mort de Thésée. Son frère Acamas, dit-il, ne lui permet pas plus de parler à ce sujet que de se taire. Voici comment : Dans le premier cas, si Démophon veut repousser l’imputation odieuse dont il est chargé, il sera obligé d'accuser Phyllis de l'avoir retenu loin d'Athènes, où les malheurs de son père appelaient sa présence. Dans le second cas, s'il garde le silence, il sera réputé coupable.