Page:Cahiers de la Quinzaine - 8e série, numéros 1 à 3, 1906.djvu/260

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Des papiers de Renan récemment publiés dans un certain nombre de revues et en librairie, lettres ou notes, il semble bien résulter que le livre publié dans la vieillesse de Renan par lui-même Renan sous ce titre l’Avenir de la Science daterait en effet de 1848 ; en effet, c’est-à-dire comme il nous le dit, partout et particulièrement dans sa préface. Il serait permis d’en douter, si nous n’avions ces preuves extérieures de soutènement, historiques, tant ce livre, tant le texte, à une lecture un peu approfondie, apparaît peu comme un livre de jeune homme.

À première vue l’Avenir de la Science est un livre de jeune homme, surtout si on le compare aux autres ouvrages de Renan ; une certaine, une singulière abondance, presque une redondance ; comme une chaleur, un enthousiasme ; une commotion perpétuelle, un mouvement copieux, généreux, un mouvement de vibration et de perpétuel va-et-vient sur soi-même.

C’est bien ainsi, à ce titre et dans ce sens que ce livre est généralement lu ; et généralement présenté ; c’est ainsi qu’il devint le bréviaire de toute une génération, de la génération précisément qui porta la religion de la science historique à son plus haut point de développement, de la génération qui nous a immédiatement précédés.

Et pourtant ce livre, ainsi que nous le verrons dans une étude un peu poussée, ce livre est au fond un livre de duplicité, un livre de feinte ignorance, de feinte cécité, de feinte surdité, de feinte mutité devant certains problèmes, devant les seuls problèmes qui, comme par hasard, fussent embarrassants, pour lui. Cela aussi est éminemment moderne. Et comme il annonçait les modernes et les préparait, du même geste