Page:Cahiers de la quinzaine, série 6, cahiers 1-3.djvu/741

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qu’aux moineaux qui se vendent deux sous la paire au marché ; elle voulait un sens, un but à la marche séculaire de la destinée, et savait cependant qu’un but est une conception aussi anthropomorphique de l’essence des choses que la Justice ou la Bonté. — Mais le monde sans Dieu est comme une admirable femme sans cœur, froide, qui n’a pas de sympathie. Il demandait l’illumination de l’âme. Il avait expérimenté la nature, la couleur, la forme, le mystère, — que n’avait-il pas expérimenté ? Il avait aimé la nature, avait presque trouvé la paix dans la passion de la terre, le parfum enivrant des herbes et des fleurs, l’odeur et le bruit de la mer, la joie de se jeter dans les froides vagues salées, qui bondissent vertes et écumantes ; des délices qu’on n’échangerait pas contre un ciel !

Mais ces passions s’éteignaient, et le dévorant besoin de Dieu revenait. — Il avait trouvé une paix temporaire avec le Dieu de Spinoza, l’Être éternel aux faces infinies, dont tous les infinis étoiles ne sont qu’une pauvre expression, et dont l’amour n’implique pas être aimé en retour. S’élever par