Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/109

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passer d’explications (c’est le grand vice intellectuel), de donner et d’écouter des explications, toujours) (d’en recevoir, et, quand on ne nous en donne pas, d’en demander) je me rappelle très bien que je vous expliquais qu’on nous parle toujours des armées de la Révolution, des soldats de la Révolution, qu’on nous dit toujours l’armée de la Moselle en sabots, l’armée de Sambre-et-Meuse, que tout de même il faut s’entendre, que rien n’est aussi bon qu’une bonne paire de sabots, pour les longues marches, pour les marches très longues, très poussées, très soutenues, très patientes, aussitôt surtout que l’on avait affaire aux terres molles, ou mollies, notamment aux terres labourées : que le soulier ne reprenait ses avantages, et ses droits, que sur le sol ferme et sec d’une route, bien entretenue, pour ainsi dire d’une route théorique en été ; que pour les paysans que nous étions (en ce temps-là), au point de l’être demeuré encore à présent en ce temps-ci, que pour les paysans que nous étions, et que je me rappelle très bien, marchant sur de la vraie terre, sur de la terre paysanne, rien ne valait deux bons sabots de bouleau ou de hêtre à se mettre dedans les pieds, ou à mettre les pieds dedans, comme vous voudrez, avec de la bonne paille bien sèche ; que donc tous ces gars-là n’étaient pas aussi malheureux qu’on nous les fait ; qu’ils marchaient comme des bons gars, avec leurs sabots ; qu’ils y mettaient les pieds ; ce n’était pas en effet des sabots de littérature, c’était des bons sabots de bois ; et quand leurs sabots les embarrassaient, quand leurs sabots les embêtaient, quand leurs sabots les gênaient, quand ils n’en avaient plus envie (des sabots ont beau être bon(s), et valoir mieux que des souliers, tout de même on peut s’en lasser,