Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/124

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obtenaient de frapper un événement, une puissance éternellement temporelle, une singulière puissance éternellement temporelle, mais instantanément ils savaient, d’une connaissance, d’une conscience instantanée, que ça y était.

Une singulière fortune éternellement temporelle, instantanément connue. Sue. Possédée.

Surtout ne geignons point pour eux. Ils ne geignaient pas, les bons allants. Ils ne geignaient pas, eux, sur eux. Ne geignons point, pour eux, sur eux. Ce serait bien la plus mauvaise manière de nous rappeler à leur bon souvenir. Aimons les héros comme ils s’aimaient. Aimons, rappelons-nous, rappelons au monde les héros, célébrons les héros comme ils s’aimaient, comme ils se rappelaient, eux-mêmes à eux-mêmes, ceux qui le purent, ceux qui devinrent (assez) vieux, et il y en eut (beaucoup) plus qu’on ne le croit, beaucoup plus qu’on ne se rappelle, ou que l’on ne croit se rappeler, comme eux-mêmes ils se rappelaient au monde, ceux qui eurent le temps d’écrire, comme ils se célébraient eux-mêmes (dans leurs fêtes). Y compris dans leurs fêtes intérieures, dans les grandes fêtes secrètes de leur esprit, de leur pensée, de leur mémoire, dans leurs mémoires, pensés, parlés, dictés, écrits. Leur gloire temporelle était essentiellement glorieuse. Elle était faite essentiellement de gloire et de joie, de gaieté même. Au moins nous indignes, nous petits, ne leur faisons point l’injure de les démarquer, de les défaire, de les dénaturer. Ne les défigurons point. Ne les rendons point méconnaissables.

Je viens de prononcer, je viens de dire, de laisser échapper un bien grand mot, un mot qui m’effraie. Un mot que je n’aime pas, parce que je trouve qu’on en