Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/125

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

abuse beaucoup. Un mot dont je me défie. Et de ceux qui l’emploient. Un mot que l’on emploie toujours, aujourd’hui. Justement depuis que ça a baissé. C’est toujours comme ça. Un mot qu’il faut au contraire employer très rarement. Aujourd’hui plus rarement que jamais. Il me semble bien que j’ai parlé de héros. J’avais commencé par dire, je crois, qu’ils étaient, qu’ils furent épiques. J’entendais naturellement par là, très proprement, très techniquement, qu’ils faisaient de l’épopée. C’est d’ailleurs ainsi que nous devons entendre que Hugo déjà l’entendait :

Eux, dans l’emportement de leurs luttes épiques.

Ainsi quand il nous a échappé de dire qu’ils étaient des héros, j’entendais naturellement par là, très proprement, très techniquement, qu’ils faisaient de l’héroïsme. C’est d’ailleurs ainsi aussi que nous devons entendre que Hugo tout aussitôt l’entendait :

Ivres, ils savouraient tous les bruits héroïques.

Or l’héroïsme est essentiellement une vertu, un état, l’action héroïque est essentiellement une opération de santé, de bonne humeur, de joie, même de gaieté, presque de blague, une action, une opération d’aisance, de largesse, de facilité, de commodité, de fécondité ; de bien allant ; de maîtrise et de possession de soi ; d’habitude presque pour ainsi dire et comme d’usage, de bon usage. De fécondité intérieure ; de force comme d’une belle eau de source de force puisée dans le sang de la race et dans le propre sang de l’homme, un trop plein de sève et de sang. Sans aucun raidissement, sans aucune raideur. Sans trimer. Sans suer.