Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/25

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le mot, qui n’a pas eu à payer des traites à des quinze et à des fins de mois, — et où trouver de l’argent pour ces traites ? — un homme qui n’a point eu à établir un budget et qui n’a point incessamment à recommencer, un homme qui n’a point entièrement un budget de droit commun, un budget privé, un budget particulier, entièrement nourri de recettes privées, commerciales, elles-mêmes de droit commun, sinon entièrement dépensé en dépenses privées, il faut avoir été serré au larynx et avoir eu la colique dans le ventre par cette anxiété atroce des échéances, il faut avoir été roulé soi-même et dévoré dans ces tourbillons de guerre qui roulent partout en dehors des guichets de l’État, dans ces tourbillons de la guerre économique et de la concurrence universelle, beaucoup plus réelle, étant beaucoup plus générale, que ce que Hervé nomme solennellement, et prétentieusement la Guerre Sociale, pour savoir je ne dis pas ce que c’est que d’être pauvre, — il y a beaucoup de fonctionnaires pauvres, — mais ce que c’est que d’être misérable, d’une part, et d’autre part ce que c’est que d’être honnête. Parce que les autres ne savent pas ce que c’est que la tentation.

En ce sens, nous l’avons dit, nous y reviendrons, il faut le dire, et je suis assuré que Berth et que M. Sorel m’entendront bien, il y a une parenté profonde entre le patron et l’ouvrier. Les relations de fait, les relations de réalité des ouvriers et des patrons, ou, si l’on veut parler un langage un peu conceptuel, de l’ouvrier et du patron, entre l’ouvrier et le patron, sont beaucoup plus mêlées, emmêlées, compliquées, impliquées que ne les font généralement les partis politiques, tous également