Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/60

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tous les gens sans aucune exception depuis le commencement du monde, qui toutefois n’a pas été créé, jusqu’au trente-et-un décembre dix-sept cent quatre-vingt-huit, — après la naissance du Christ, — à minuit, ont été de foutues bêtes, le minuit étant compté comme onze heures soixante, et pas une minute de plus, et que le premier janvier dix-sept cent quatre-vingt-neuf, à minuit zéro minute zéro seconde un dixième de seconde, — et encore les vrais savants ne s’arrêtent pas au dixième de seconde, — tout le monde a été créé splendide, tout le monde, excepté, bien entendu, les réactionnaires. Trente et quarante générations de Français aujourd’hui croient cela dur comme fer. Des indéfinités de générations de Français le croiront toujours. Car ce qu’il y a de plus avantageux dans une opération de cette sorte, c’est que quand elle est faite, elle est faite une fois pour toutes, Quand un mécanisme de cette sorte est monté, surtout un mécanisme électoral, on n’aperçoit plus aucune espèce de raison pour qu’il se démonte jamais, pour qu’il se fatigue, et pour qu’il s’arrête, de fonctionner. Au contraire. Plus il marche, mieux il marche. Et plus il a envie de marcher. De sorte qu’on n’en voit pas la fin. Une majorité se grossit par cela seul qu’elle dure. Du moment que l’on s’est mis, et que l’on reste, sous la loi de pure majorité, plus ça dure, plus c’est solide, et plus c’est gros. Plus ça va, plus c’est la même chose, et plus c’est la même chose, plus ça va. Plus il y a de générations qui ont pris un certain chemin, plus il y en a de suivantes qui le prennent. Les générations majoritaires, groupées, massées, compactes, qui s’accroissent d’une chaque année, font un gouvernement majoritaire. Et comme c’est le gouvernement, comme c’est