Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/85

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la plus ancienne, la plus historique, la plus authentique, la plus traditionnelle des villes antiques, la plus antique des villes conservées. Ville où les égouts mêmes, on a beau les refaire et les moderniser, ville où les égouts mêmes sont des monuments historiques, ont un tracé, suivent des tracés historiques, soulignent des tracés historiques, fouillent des terres où il n’y a pas une motte, toute noire bleue violette et pénétrée aujourd’hui des infiltrations du gaz d’éclairage issues, glissées des conduites noires, filtrées des joints de plomb, terres mortelles aujourd’hui pour nos marronniers et pour nos nouveaux platanes, terres mortelles pour les racines, qui ne soit de l’humus et du terreau historique.

Ville pour ainsi dire la plus extérieure du plus de vie intérieure.

Ville du plus grand peuplement, du plus de surpopulation. Ville aussi du plus de solitude, de la plus grande, de la plus auguste, de la plus royale solitude. Ville du plus de fréquence et de fréquentation, du plus de bavardage (cette impiété), (perpétuelle), du plus de relations, du plus de salon, de monde, de mondain, de mondanité. Ville la plus sérieuse, ville la plus frivole. Toute pleine de sa frivolité, de ses frivolités innumérables, inépuisablement renouvelées, infatigablement réinventées, faites avec plus d’ardeur que l’on ne ferait, avec plus de zèle, avec plus de soin, avec plus de sérieux, avec plus de frivolité aussi que nul ne ferait du travail. Ville du plus de papoterie, de conciergerie, de calomnie, de médisance, de petitesse, de grandeur. Ville du plus de papotage, de temps perdu, de temps gagné. De temps employé. De temps occupé. Sérieusement. Temporellement. Et même éternellement. Ville du plus de journa-