Page:Cahiers de la quinzaine, série 9, cahier 1, 1907.djvu/92

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d’automne, à cause de la Seine, qui est si près, dans le transparent brouillard du premier automne, sous les neiges de l’hiver ; et je vous défends bien de regarder les Invalides sous la neige sans qu’aussitôt cette neige soit la neige impériale de la retraite de Russie, car il n’y a jamais eu qu’une neige qui soit tombée sur le dôme des Invalides, et c’est la neige de l’Empereur, la neige impériale de la retraite de Russie, comme il n’y a jamais eu qu’une neige qui soit tombée dans cette retraite impériale de Russie, il n’y a jamais eu qu’une neige impériale, une neige de l’Empereur, et par un singulier rapprochement, par un profond accord intérieur c’est la neige de Hugo, la neige qui jamais plus ne cessera de tomber dans les Châtiments, dans l’Expiation : Il neigeait, il neigeait toujours ! Les Châtiments, le plus grand monument, avec l’Are de Triomphe, que l’on ait élevé à la gloire de l’Empire. Il neigeait. On était vaincu par sa conquête. Sous cette réserve, sous la réserve de ce pont un peu festonné, tant de beaux ponts de tous les âges, qui passent, qui enjambent, qui sautent le beau fleuve, chacun selon ses moyens, de leur pas, de leur pied, selon le plus ou le moins, selon les infirmités de leur âge, les uns alertes, d’un seul trait, les autres, infiniment plus vénérables, déjà comme un peu béquillards ; un de ces vieux se nomme naturellement le Pont-Neuf ; et c’est justement le vôtre, Halévy ; tous beaux, selon la beauté de leur âge ; tous donc, tous ainsi merveilleusement accordés, d’un seul accord accordés entre eux directement ; et tous ensemble accordés au beau fleuve ; accord mutuel direct, accord avec le fleuve ; représentant, symbolisant, ramassant ainsi, dans ce raccourci linéaire, toute la beauté de