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affaire, fut ignorée de la reine ; il est plus que probable que le roi en avait eu connaissance. Lorsque M. de Favras fut mis en jugement, la reine ne me cacha pas ses craintes sur les aveux des derniers momens de cet infortuné.

J’avais envoyé une personne de confiance à l’Hôtel-de-Ville ; elle vint apprendre à la reine que le condamné avait demandé à être conduit de Notre-Dame à l’Hôtel-de-Ville, pour faire une déclaration finale et donner des détails justificatifs. Ces détails n’avaient compromis personne ; Favras avait corrigé son testament de mort après l’avoir écrit, et s’était rendu au supplice avec le courage et le sang-froid de l’héroïsme. Le conseiller rapporteur, qui lui lut sa condamnation, lui dit que sa vie était un sacrifice qu’il devait à la tranquillité publique. On assura dans le temps que Favras fut livré comme victime, pour satisfaire le peuple et sauver M. le baron de Besenval, qui était dans les prisons de l’Abbaye[1].

  1. La Biographie universelle donne les détails qu’on va lire, sur les desseins, le procès et la mort de cet infortuné.

    « Favras (Thomas-Mahy, marquis de), né à Blois, en 1745, entra au service dans les mousquetaires et fit avec ce corps la campagne de 1761 ; il fut ensuite capitaine et aide-major dans le régiment de Belsunce, puis lieutenant des Suisses de la garde de Monsieur, frère du roi ; il se démit de cette charge en 1775, pour se rendre à Vienne, où il fit reconnaître sa femme comme fille unique et légitime du prince d’Anhalt-Schauenbourg. Il commandait une légion en Hollande, lors de l’insurrection