Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

portance, m’envoyait trouver, moi, première femme de la reine, pour obtenir un consentement qui aurait dû être la base de tout projet bien concerté. Je lui dis aussi qu’il m’était impossible de descendre en ce moment chez la reine, sans que ma présence fixât l’attention des antichambres ; que le roi jouait avec la reine et sa famille, et que je ne paraissais dans cet intérieur que lorsque j’y étais appelée. Cependant j’ajoutai que M. Campan avait ce genre d’entrée ; et que s’il voulait lui faire la même confidence, il pouvait compter sur lui. Mon beau-père, auquel le comte d’Inisdal répéta ce qu’il m’avait dit, se chargea de la commission, et passa chez la reine. Le roi jouait au wisk avec la reine, Monsieur et Madame ; madame Élisabeth était à genoux sur une voyeuse auprès de la table. M. Campan raconta à la reine ce qui venait de se passer chez moi ; personne ne dit mot. La reine prit la parole, et dit au roi : « Monsieur, entendez-vous ce que Campan vient de nous dire ? — Oui, j’entends, » dit le roi, en continuant de jouer. Monsieur, qui avait l’habitude de placer très-souvent, dans sa conversation, des passages de comédie, dit à mon beau-père : « M. Campan, répétez-nous, s’il vous plaît, ce joli couplet ; » et pressa le roi de répondre. Enfin la reine dit : « Il faut pourtant bien dire quelque chose à Campan. » Alors le roi adressa ces propres mots à mon beau-père : « Dites à M. d’Inisdal que je ne puis consentir à ce qu’on m’enlève. » La reine insista pour que M. Campan