Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/110

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recevait des conseils et des mémoires de toutes parts. Rivarol lui en adressa plusieurs dont je lui fis lecture. Il y avait fourré beaucoup d’esprit ; mais la reine trouvait qu’ils ne contenaient rien d’essentiellement utile pour leur position. Le comte de Moustier remit aussi des mémoires et des plans de conduite. Je me souviens que, dans un de ses écrits, il disait au roi : « Relisez Télémaque, Sire, ce livre qui a charmé l’enfance de Votre Majesté, et vous y trouverez les premières semences de ces principes qui, mal suivis par des têtes ardentes, amènent l’explosion du moment. » J’ai lu un si grand nombre de ces mémoires, que j’en rendrais un compte peu fidèle, et je ne veux consigner dans cet écrit que les événemens dont j’ai été témoin, ou les paroles dont, malgré le laps de temps, le son retentit encore en quelque sorte à mes oreilles.

M. le comte de Ségur, à son retour de Russie, fut quelque temps employé par la reine, et eut de

    terie d’Henri IV, au pont Neuf. La même nuit, quelques coups de fusil, sans objet, furent entendus de la terrasse des Tuileries. Le roi, que ce bruit trompa, vola chez la reine ; il ne la trouva point dans son appartement ; il courut chez M. le dauphin que la reine tenait embrassé. — « Madame, lui dit le roi, je vous cherchais et vous m’avez inquiété. » La reine lui répondit, en lui montrant son fils : « J’étais à mon poste. » Ce mot est bien digne des sentimens maternels de la reine. » (Anecdotes du règne de Louis XVI.)

    (Note de l’édit.)