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tement à toutes les impertinences populaires. Son aversion pour ce général augmentait de jour en jour, au point que, vers la fin de la révolution, lorsqu’il parut vouloir soutenir le trône ébranlé, elle ne voulut jamais tenir de lui un si grand service.

L’émigration avait déjà beaucoup éloigné de monde ; des gens qui, avant cette époque, n’auraient jamais osé prétendre à quelque emploi distingué, cherchaient, sous prétexte de zèle pour la cause du roi, à s’approcher de l’intérieur des Tuileries. J’ai connu beaucoup de ces gens-là ; quelques-uns n’étaient que de misérables intrigans ; d’autres avaient de bonnes intentions, mais manquaient des lumières qui auraient pu les rendre utiles.

M. de J***, colonel attaché à l’état-major de l’armée, eut le bonheur de rendre plusieurs services à la reine, et s’acquitta avec la discrétion et la dignité convenables de plusieurs missions importantes[1]. Leurs Majestés avaient la plus grande confiance en lui, quoique souvent la sagesse de ses craintes, quand il s’agissait de projets inconsidérés, l’eût fait taxer, par des imprudens et

  1. Pendant la détention de la reine au Temple, il s’introduisit dans cette prison sous les sales vêtemens de l’allumeur de quinquets, et y remplit ses fonctions sans être découvert. Ce trait de dévouement n’est encore connu que de sa famille et de quelques amis très-intimes.
    (Note de madame Campan.)