Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/133

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des ennemis, de suivre les principes des constitutionnels. Envoyé à Turin, il eut de la peine à dissuader les princes du projet qu’ils avaient, à cette époque, de rentrer en France par Lyon, avec une très-faible armée ; et lorsque, dans un conseil qui se prolongea jusqu’à trois heures du matin, il eut fait voir ses instructions, et démontré que cette démarche exposerait le roi, le seul comte d’Artois se prononça contre le plan, qui était de M. le prince de Condé.

Parmi les employés d’un ordre subalterne, que les circonstances critiques initièrent dans les affaires importantes, s’était introduit un M. de Goguelat, ingénieur géographe à Versailles, très-bon dessinateur. Il avait fait pour la reine des plans de Saint-Cloud et de Trianon ; elle en fut très-contente, et fit admettre cet ingénieur dans le corps de l’état-major de l’armée. Au commencement de la révolution, il fut envoyé au comte d’Esterhazy, à Valenciennes, en qualité d’aide-de-camp. Ce dernier grade lui avait été donné uniquement pour l’éloigner de Versailles, où, pendant les premiers mois de l’assemblée des états-généraux, il avait compromis la reine. Voulant faire remarquer son dévouement pour les intérêts du roi, il allait sans cesse aux tribunes de l’assemblée, y frondait tout haut les motions des députés, et revenait aux antichambres de la reine, où il répétait tout ce qu’il venait d’entendre, ou ce qu’il avait eu l’imprudence de dire.