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balle : c’était une gerbe de ses cheveux blancs avec cette inscription : blanchis par le malheur. À l’époque de l’acceptation de la constitution, la princesse voulut rentrer en France. La reine, qui ne croyait nullement au retour de la tranquillité, s’y opposa ; mais l’attachement que lui avait voué madame de Lamballe lui fit venir chercher la mort.

Lorsque je rentrai à Paris, la plus grande partie des mesures de rigueur était levée ; les portes ne restaient pas ouvertes ; on donnait plus de témoignages de respect au souverain ; on savait que la constitution, bientôt terminée, serait acceptée, et on espérait un meilleur ordre de choses.

Dès le jour de mon arrivée, la reine me fit entrer dans son cabinet pour me dire qu’elle aurait grand besoin de moi pour des relations qu’elle avait établies avec MM. Barnave, Duport et Alexandre Lameth. Elle m’apprit que M. de J***[1] était son intermédiaire avec ces débris du parti constitutionnel, qui avaient de bonnes intentions malheureusement trop tardives ; et me dit que Barnave était un homme digne d’inspirer de l’estime. Je fus étonnée d’entendre prononcer ce nom de Barnave avec tant de bienveillance. Quand j’avais quitté Paris, un grand nombre de personnes n’en parlaient qu’avec horreur. Je lui fis cette remarque, elle ne s’en

  1. C’était la reine qui avait ordonné à M. de J*** de voir ces trois députés.
    (Note de madame Campan.)