Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/158

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parla beaucoup des fautes des royalistes dans la révolution, et dit qu’il avait trouvé les intérêts de la cour si faiblement, si mal défendus, qu’il avait été tenté plusieurs fois d’aller lui offrir un athlète courageux qui connût l’esprit du siècle et celui de la nation. La reine lui demanda quels auraient été les moyens qu’il lui aurait conseillé d’employer. « La popularité, Madame. — Et comment pouvais-je en avoir, repartit Sa Majesté, elle m’était enlevée ? — Ah ! Madame, il vous était bien plus facile de la reconquérir qu’à moi de l’obtenir. » Cette assertion fournirait matière à commentaire ; je me borne à rapporter ce curieux entretien[1].

  1. La conduite de Barnave, après le retour de la famille royale à Paris, fut d’accord avec les sentimens qu’il avait fait paraître pendant le voyage. On peut en juger par les détails suivans, et qui sont extraits de la Biographie de Bruxelles.

    « Nommé, avec MM. de Latour-Maubourg et Pétion, commissaire de l’Assemblée pour assurer le retour du roi, Barnave porta, dans cette mission pénible, et que sa conduite antérieure rendait plus délicate encore, les égards les plus attentifs et le sentiment le plus recherché de toutes les convenances. Cette circonstance acheva dans Barnave le grand changement que la réflexion et l’expérience avaient commencé ; il fit décréter, à son retour, la formation d’un comité chargé de revoir la rédaction et le classement des lois. C’est à ce comité, devenu depuis, sous le nom de comité de révision, l’objet de la haine du parti qui, dès-lors, voulait renverser le trône, que Barnave fit renvoyer le Mémoire dans lequel le roi exprimait les motifs qui l’avaient porté à s’éloigner de Paris. On décida, en même temps, que ce Mémoire serait signé par M. de Laporte, intendant de la liste