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La reine attribuait essentiellement à M. Goguelat l’arrestation à Varennes ; elle disait qu’il avait

    civile, avant d’être adressé au comité. Barnave rendit ensuite le compte le plus simple et le plus noble de la mission qu’il venait de remplir, et ne l’accompagna d’aucune réflexion. Dans la discussion qui s’ouvrit peu après, sur la suite des articles constitutionnels, Barnave s’expliqua avec autant de logique que d’énergie, sur la nécessité de déclarer inviolable la personne du roi ; mais cette opinion, essentiellement conservatrice, fut accueillie par les huées des tribunes devenues dès-lors les instrumens des factieux qui s’essayaient à dominer l’Assemblée. Barnave jeta sur elles un regard de mépris dont l’expression est encore présente à notre mémoire ; son courage et son talent parurent en prendre des forces nouvelles ; et, cette fois, l’Assemblée, n’écoutant que les éternelles lois de la raison, de l’expérience et de la politique, consacra, malgré les sots et les factieux, ce grand principe sans lequel il ne saurait exister de société monarchique. La discussion qui s’établit, peu de jours après, sur la proposition désorganisatrice d’accorder quinze jours aux soldats pour apporter leurs dénonciations contre les officiers qu’ils auraient forcés d’abandonner leurs corps, acheva de prouver combien Barnave s’éloignait de plus en plus des théories qu’il avait apportées à la tribune nationale, pendant les premiers orages de la révolution. Il s’opposa avec force au projet du comité militaire, déclara que les officiers qui avaient été expulsés de leurs corps ne l’avaient pas toujours été par esprit de patriotisme, et demanda le rejet de ceux des articles sur la discipline de l’armée qui accordaient aux soldats le droit de dénoncer leurs chefs. À peu de distance, on entendit Barnave combattre un projet de décret contre les prêtres appelés réfractaires, et accuser les factieux de vouloir entraver la marche de l’Assemblée, en jetant la division et l’inquiétude parmi ses membres. Si la popularité de Barnave succomba sous tant d’at-