Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/161

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imposante, et qu’on n’ait pas même pensé à faire arrêter les courriers qui suivraient le roi[1] ? Leurs Majestés descendues chez un épicier, maire de Varennes, nommé M. Sauce, le roi lui avait parlé long-temps sur les motifs qui l’éloignaient de Paris, et désirait lui prouver l’utilité de sa démarche, qui, loin d’être hostile, avait été prescrite par son amour pour ses sujets. Ce maire eût pu sauver le roi. La reine était assise dans la boutique entre deux ballots de chandelles, et parlait à madame Sauce qui paraissait une femme prépondérante dans son ménage, et que M. Sauce regardait de temps en temps comme pour la consulter ; mais la reine obtenait pour toute réponse : « Que voulez-vous, Madame ; votre position est bien fâcheuse ; mais voyez-vous, cela exposerait M. Sauce, on lui couperait la tête. Une femme doit penser pour

  1. L’affaire de Varennes, l’un des événemens de la révolution qu’il importe le plus d’éclaircir parce qu’il fut un des plus décisifs, a fait naître une foule de relations qui se contrarient ou se fortifient l’une l’autre, mais qui toutes ont leur genre d’intérêt. Les Relations de M. le marquis de Bouillé, de M. de Fontanges (Mémoires de Weber), de M. le duc de Choiseul, ont déjà paru dans la Collection des Mémoires sur la révolution. La 11e livraison de ce recueil contient encore les Mémoires particuliers de M. le comte Louis, aujourd’hui marquis de Bouillé, et les Relations de MM. les comtes de Raigecourt, de Damas et de Valory, qui tous ont été acteurs ou témoins dans cette scène historique.
    (Note de l’édit.)