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son mari. — Eh bien ! lui répondait la reine, le mien est votre roi ; il a fait votre bonheur pendant long-temps, il veut le faire encore. » Madame Sauce reparlait des dangers de son mari : les aides-de-camp arrivèrent dans ce moment, et le retour à Paris fut décidé.

La première femme de chambre du dauphin, jugeant que quelque délai pouvait donner à M. de Bouillé le temps d’amener des forces, se jeta sur un lit, et se mit à crier qu’elle se mourait d’une colique affreuse. La reine s’approcha d’elle, et cette dame lui serra la main pour lui faire juger son motif. Sa Majesté dit qu’elle ne pouvait abandonner, dans un semblable état, une femme qui s’était dévouée pour la suivre dans un voyage dangereux, et qu’elle lui devait des soins ; mais on devina probablement cette innocente ruse, et l’on n’accorda pas le moindre délai[1].

Après tout ce que la reine m’avait dit des fautes commises par M. Goguelat, je le croyais disgracié.

  1. La reine me raconta, en me parlant de tous les événemens de ce funeste voyage, que, deux lieues avant d’arriver à Varennes, un inconnu, allant au grand galop, avait passé près de la voiture du roi, en criant quelques mots que le bruit des roues sur le pavé les avait empêchés d’entendre, mais que, depuis l’événement de leur arrestation, en se rappelant le son des paroles de cet inconnu, le roi et elle avaient jugé qu’il leur disait : Vous êtes reconnus, ou vous êtes découverts.
    (Note de madame Campan.)