Page:Campan - Mémoires sur la vie privée de Marie-Antoinette, tome 2.djvu/175

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

entier du souverain ; que c’était là ma profession de foi, et qu’il était pénible de faire soupçonner d’y manquer. « Avez-vous jamais pu croire, me dit-il, que je désirasse un autre ordre de choses ? Doutez-vous de mon attachement pour la personne du roi, et pour le maintien de ses droits ? — Je le sais, M. le comte, lui répondis-je, mais vous ne l’ignorez pas, vous passez pour avoir adopté des idées révolutionnaires. — Eh bien ! Madame, ayez le courage de dissimuler et de cacher vos véritables sentimens ; jamais la dissimulation ne fut plus nécessaire : on travaille à paralyser autant que possible les mauvaises intentions des factieux ; mais il ne faut pas que l’on nous déjoue ici en disant des choses très-dangereuses qui circulent dans Paris, comme venant du roi et de la reine. » Je lui dis que j’avais déjà été frappée du mal que peuvent faire les propos passionnés de l’impuissance, et qu’ayant plusieurs fois imposé silence au service de la reine, d’une manière très-prononcée, j’en avais éprouvé du désagrément. « Je sais cela, me dit le comte, la reine m’en a instruit, et c’est ce qui m’a décidé à venir vous prier de maintenir, autant que vous le pourrez, l’esprit de prudence qui est si nécessaire. »

Pendant que l’intérieur du roi et de la reine était livré à toutes ces alarmes, les fêtes pour l’acceptation de la constitution continuaient. Leurs Majestés furent à l’Opéra. Tout ce qui était attaché au parti du roi composa l’assemblée, et l’on put